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Scribouilleur de cru
24 septembre 2006

Papillons pilon.

Et me voici...

Je marche sur la plage, la tête penché sur l'étendu du monde lorsque j'aperçois autour de moi une myriade de papillons, voler les uns après les autres, les uns avec les autres. C'est beau. Ils sont colorés, ils sont blancs, ils sont transparents, parfois même ils ne sont plus du tout, les pauvres, terrassés par la chaleur.

Je me dis alors, en voyant ces lépidoptères qui révolutionnent et dansent sur mon orbite, que la vie est bien faite, belle parfois, à vous couper le souffle. Sur cette plage de sable fin, sous le soleil de juillet, la légèreté et la finesse a rendez-vous avec la lenteur d'un homme qui ne sait plus trop où il va dans la vie. J'observe avec des yeux émerveillés la nature dévoiler cette coquetterie.

Ils sont une centaine maintenant, à vouloir une caresse. Ils virevoltent tels des champions du manche à balai, tout autour de ma tête, le long de mes bras, de mes jambes. De plus en plus nombreux, j'entends leurs battements d'ailes qui frôlent mes oreilles. Quelques-uns, plus aventureux que les autres, se posent même sur ma nuque, ma joue, mon cou. Ils sont des milliers maintenant si près de moi. Trop près de moi.

En fier combattant assailli de toute part, je secoue la tête violemment, le corps tout entier.  D'autres essaient de m'atteindre.

Pris de panique, j'en écrase un.  Sous ma chaussure l'animal craque. Si petite bête. Pauvre bête, innocente. Mais je n'ai pas le temps de m'apitoyer sur le sort du malheureux. Une horde revancharde vient se coller sur ma face. Ma vision n'est plus qu'ailes, antennes, bourdonnements et battements. Une vision du monde : des insectes en batterie, arrachant à l'homme sa condition.

Couvert d'un manteau coloré et grouillant, je cours comme un dératé et me jette dans l'océan la tête la première. Qui m'aime me suive. Le papillon n'est pas joueur. Ou bien il n'aime pas l'eau. Je fais des centaines de victimes. C'est un attentat. J'achève tranquillement le peu de survivants entre mes doigts. Quelques cadavres m'accompagnent encore, accrochés à mes vêtements trempés, que j'abandonne sans vergogne sur la plage déserte.

J'ai faim. J'ai soif. Une bonne bouteille de rosé. Je veux fumer. Je ne sais plus où je vais dans la vie.

Et merde pour la beauté du monde.  Je ne suis pas l'ami des papillons.

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M
Tu vas, courant, au devant de ton fils.
Scribouilleur de cru
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